Mieux vaut en lire !

" Je viens de tuer ma femme. Ce qui m'ennuie, c'est les faire-part. Je dois absolument les écrire avant d'aller à la gendarmerie. Evidemment, je n'ai plus de timbres. Je lui avais pourtant demandé d'en acheter. En prévision. "
Voici comment débute ce livre délicieux, plein d'humour noir.
Il est "à la masse, le Manu" ! Il tue sa femme, l'enferme dans le congélo, mais continue de lui parler. "Tu la ramènes moins, maintenant... Qui c'est qui l'a eu, cette fois, le dernier mot, hein? C'est bibi. Qui c'est qui va me foutre la paix? C'est ma Sissi". Les évènements s'enchaînent, et Emmanuel est contraint de faire d'autres (petites) bêtises...pour le plus grand plaisir du lecteur ! A dévorer !

Coup de cœur de cette rentrée littéraire.

Avec beaucoup de douceur, de délicatesse, ainsi qu'une écriture fluide et poétique, Elisa Shua Dusapin fait naître une timide complicité entre un dessinateur de BD normand, et une femme franco-coréenne, dans une pension en Corée du Sud, a 60 km de la frontière avec la Corée du Nord. Ils apprendront a découvrir chacun la culture de l'autre, et à se découvrir également, au cours de quelques instants qu'ils partageront ensemble, à la pension, près de la mer, ou lors d'une balade. Chef d'oeuvre de cette rentrée littéraire que je recommande a tout le monde.

Nous avons tous rêvé, au moins une fois, de revenir à l'adolescence. Retrouver nos anciens amis, retrouver la légèreté d'un corps de 14 ans, revoir son tout premier amour...

Dans cet ouvrage, Hiroshi Nakahara, 48 ans, décide un jour de ne pas rentrer directement chez lui après le travail, mais de retourner dans le village de son enfance. Il s'endort dans un cimetière, devant la tombe de sa mère, et lorsqu'il se réveille, il a 14 ans.

Hiroshi Nakahara redevient enfant, mais garde son caractère et sa maturité d'adulte. Il retourne à l'école, retrouve ses anciens amis, tombe de nouveau amoureux de cette jeune fille qu'il aimait tant à l'époque. Mais a-t-il le "droit" d'aimer une autre fille, alors qu'il est à présent marié avec des enfants ?

Il tentera également d'enquêter, en quelque sorte, sur son père, pour essayer de comprendre pourquoi, dans quelques jours, il s'en ira de la maison, sans aucune explication, et abandonnera sa famille pour toujours...

Un très bel ouvrage qui nous invite à rêver, et à se laisser porter par l'histoire. On a envie d'intervenir, de le rejoindre, de le conseiller, de lui dire d'aller voir son père pour tout faire pour qu'il reste ! C'est un magnifique ouvrage que nous livre le maître du manga. Très grand coup de coeur.

Une femme se rend chez son pâtissier favori pour y acheter un fraisier pour l’anniversaire de son fils mort alors qu’il n’avait que six ans. Une maroquinière se voit confier un travail plutôt délicat ; en effet, une femme qui a la particularité d’avoir son cœur à l’extérieur du corps lui demande de lui confectionner un sac afin de protéger cet organe vital si délicat. Après avoir appris que son oncle vient de mourir, une femme se souvient de ce personnage haut en couleurs qui avaient eu la bizarre idée de créer des corsets qui font grandir. Une vieille dame prend sous sa protection un jeune étudiant, sa seule obligation est de venir régulièrement partager ses repas et la tenir au courant de ses avancées estudiantines. Une jeune et nouvelle locataire se lie d’amitié avec sa voisine, mais elle se rend vite compte que cette veuve a un comportement anormal et suspect.
Un recueil de courts textes qui se lit très rapidement grâce à la fluidité de l'écriture. Yoko Ogawa a remporté le Prix Akutagawa, le prix Tanizaki, le prix Izumi, le prix Yomiuri, et le prix Kaien pour son premier court roman, "La désagrégation du papillon."Le meilleur auteur, selon moi, pour découvrir la littérature japonaise.

La rentrée littéraire arrive à grand pas ! Et voici la sélection de livres que je souhaite découvrir, et pourquoi pas vous présenter s'ils m'ont touchée :

"Chanson douce" de Leila Slimani (Gallimard), "Petit pays", Gaël Faye (Grasset), "Ecoutez nos défaires", Laurent Gaudé (Actes Sud), "Ce mexicain qui venait du Japon et qui me parlait de l'Auvergne", Jean-Claude Lalumière (Arthaud), "Comment tu parles de ton père ?" Joann Sfar (Albin Michel), "l'archipel d'une autre vie" Andreï Makine, (Seuil), "Le monde est mon langage", Alain Mabanckou (Grasset),  "Les simples prétextes du bonheur", N. Tajadod (Lattès), "Le dit du Loriot", Su Tong, (Seuil), "Le voyage Hanumân", Andreï Ivanov, (Tripode), "Histoire de Knut", Yoko Tawada (Verdier), "Le messie du Darfour", Baraka Sakin,(Zulma)

On ne présente plus Yasushi Inoue, très grand auteur japonais du XX ème siècle, qui a remporté le Prix Akutagawa (Equivalent de notre Goncourt), en 1950.

Le fusil de chasse est son premier roman, il évoque l'histoire d'une liaison racontée à travers 3 lettres destinées au même jeune homme. Une lettre de la part de sa femme trahie et blessée, une de la part de sa maîtresse, et une de la part de la fille de cette dernière, qui découvre la double vie que menait sa mère.
Un chef d'oeuvre au Japon, et un auteur incontournable si l'on souhaite s'initier à la littérature japonaise.

André Breton était fasciné par son art qu'il qualifiait de "ruban autour d’une bombe".
Frida Khalo (1907 - 1954), très grande artiste-peintre, était une femme remarquable. Victime d'un grave accident de la route à 18 ans, ses douleurs, qu'elle ressentira tout au long de sa vie, l'inspireront pour ses tableaux. Mariée au peinte Diego Rivera, avec qui elle entretiendra une relation amoureuse puissante, même si parfois difficile, elle a été l'amante de Léon Trotski et de Nicolas Murray. Elle plaisait beaucoup aux hommes comme aux femmes, pour son charme, mais aussi pour ses tableaux.
La puissance de cette biographie, c'est que Bernadette Costa-Prades s'adresse directement à Frida elle-même, en lui narrant sa propre histoire. On découvre l'enfance, et la vie en générale de cette femme, qui avait un certain talent pour la peinture.
L'écriture est fluide, on lit cet ouvrage comme un roman, on suit Frida tout au long de sa vie, on est présent pendant ses moments de doutes, quand la douleur de l'accident se fait ressentir, quand elle découvre la gloire, etc.

Ninn est une enfant trouvée étant bébé dans le métro, par deux hommes qui deviendront sa famille. Elle est passionnée par le métro parisien, c'est pour elle un lieu plein de surprises et de mystères.
Mais voilà qu'un jour, dans les couloirs du métro, elle rencontre un vieil homme qui chasse des papillons invisibles... à partir de là, Ninn les verra, elle aussi, absolument partout dans le métro. Elle va donc se renseigner auprès d'un homme pour qui le métro parisien n'a aucun secret, et elle va découvrir qu'une légende très étrange occupe les couloirs du métro, et va mener sa propre enquête...
Une magnifique histoire, le graphisme est superbe.

Alain Mabanckou, l'homme qui vous donne le sourire pendant 10 jours après que vous ayez lu un des ses livres !
Ce dernier nous narre son enfance au Congo. Les textes sont accompagnés d'images, et c'est fou, ce talent qu'il a pour nous donner l'impression qu'on est avec lui, qu'on vit ces scènes de son enfance avec lui. Alain Mabanckou, c'est avant tout un rythme, un rythme dont on ne se lasse pas. Il nous emporte, pour ne plus parvenir à nous arrêter de le lire. Et "Oh ! j'ai raté ma station !"...

Un style très imagé, un rythme entraînant, des souvenirs d'enfance, le dernier livre d'Alain Mabanckou est à lire et à offrir, pour ceux qui demandent à lire quelque chose de vraiment bien.

Régalez-vous !